Ce jeudi 12 mai 2022, Madame la Ministre en charge de l’industrie s’est rendue au collège Paul Langevin de Sallaumines sur l’invitation de Monsieur Mc Quat, Principal du collège. Madame Agnès Pannier-Runacher a échangé avec les élèves de 3ème dans le cadre du forum des réussites organisé par Monsieur Ahadar, enseignant spécialisé. Madame Pannier-Runacher était sur son territoire puisqu’elle réside dans le bassin minier et que son conjoint a étudié à Wingles. Madame la Ministre était accompagnée de Monsieur Le Franc, préfet du Pas-de-Calais, Monsieur Sürig, Inspecteur d’académie-Directeur Académique des Services Départementaux de l’Éducation Nationale du Pas-de Calais, Monsieur Raffy, Sous-préfet de Lens, Madame Apourceau-Poly, Sénatrice, Madame Desmarai et Monsieur Tellier conseillers départementaux ainsi que de Monsieur Pedowski, Maire de Sallaumines.
Monsieur Boucaut, chef étoilé du « club » bistronomique de Liévin a apporté son témoignage concernant son parcours scolaire (cf. article sur le sujet) en incitant les élèves à être « curieux et cohérents, et écouter les enseignants » Il a expliqué qu’il avait eu la chance de croiser le chemin d’une enseignante qu’il l’avait accompagnée dans ses projets malgré ses résultats scolaires inquiétants. D’ailleurs, même si les résultats sont parfois un frein, il faut persévérer pour faire ce que l’on souhaite vraiment.
Monsieur Sürig a incité les élèves à la mobilité dans le cadre de leur parcours d’orientation, pour découvrir des expériences intéressantes « ne pas hésiter à aller voir ailleurs pour se former ». Monsieur Boucaut a appuyé les propos de Monsieur Sürig, en précisant qu’avant d’entrer à l’école hôtelière d’Arras, il n’avait lui-même jamais pris le train.
Madame la Ministre a ensuite présenté son propre parcours scolaire à Paris où elle a intégré une classe préparatoire puis une école de commerce. Madame Pannier-Runacher a expliqué que la formation se déroulait tout au long de la vie et qu’il fallait faire en sorte d’ouvrir le champ des possibles avec un maximum de choix. Le service public a été un déclic pour elle finalement : après l’Ecole Nationale d’Administration (devenue depuis l’Institut National du Service public) elle a passé 9 ans dans le secteur public, en tant que haut fonctionnaire, qu’elle a quitté contre l’avis de ses proches, mais pour faire ce dont elle avait vraiment envie : « j’ai rejoint le secteur privé car l’industrie m’attirait et je trouvais ça incroyable de concevoir des produits, des avions par exemple ». Elle est ensuite partie dans les loisirs : « mon travail consistait à donner du bonheur aux gens en concevant des projets pour Bellewaerde, le parc Astérix, etc. »
Elle a par ailleurs expliqué son engagement en politique : « Je me suis engagée récemment car je suis pour l’égalité des chances. Moi, j’ai eu de la chance et je trouvais qu’il fallait que tous aient les mêmes chances ».
Madame la Ministre regrette que « beaucoup de jeunes ont une opinion négative de l’industrie… et pourtant c’est intéressant ! C’est travailler sur le réchauffement climatique, la consommation collective, ce sont des sujets d’engagement ! » Il existe en effet divers métiers (en équipe, manuels, de recherche et développement, etc.) mais elle a ajouté : « ce sont des métiers méconnus quand on ne connaît pas quelqu’un qui y travaille, car les sites industriels sont des sites fermés ». Elle a insisté ensuite sur le fait que les conditions de travail ont beaucoup progressé : « On peut mieux organiser les conditions de travail qu’avant » et « ce sont des métiers bien payés » a-t-elle ajouté. « On gagne 25% de plus que dans les autres métiers dans les Hauts de France ». Par exemple, des métiers manuels d’excellence comme un soudeur peuvent prétendre à obtenir 4000€ par mois a-t-elle lancé. Elle a alors exhorté les jeunes à aller aux Jeux olympiques des métiers industriels « World Skills » l’année prochaine, afin de rencontrer des personnes excellentes dans leur spécialité.
Elle a souhaité aussi déconstruire des préjugés : « On a beaucoup détruit d’emplois industriels. Mais aujourd’hui ça recrute : il y a 80 000 emplois ouverts en ce moment ». Concernant la place des femmes dans ce secteur, elles ne sont que 30% dans l’industrie et Madame la Ministre a insisté sur le fait que ce déséquilibre est dommage et elle ne se l’explique pas car les femmes peuvent se lancer dans l’industrie, et dans les postes de direction d’ailleurs. « Pas besoin d’avoir des muscles ! » a-t-elle lancé aux élèves. Elle a ensuite invité les filles à aller découvrir ces métiers lors de stages, de visites, de la semaine de l’industrie, ou de salons (ex. « Global Industrie » à Paris la semaine suivante).
Monsieur Ahadar a aussi projeté une série de mots-clés afin que la Ministre apporte sa définition et apporte ses idées aux élèves. Elle a expliqué qu’« en tant que femme, il faut avoir de l’ambition, avoir envie de faire des choses ». En effet, elle est engagée sur le combat de la parité femmes-hommes. Ainsi, elle a précisé qu’une femme gagne 10% de moins qu’un homme à compétences égales, et que 20% des femmes occupent des postes de direction et que ce chiffre tombe à 10% dans le numérique, alors que ce sont des entreprises modernes. Elle a ensuite donné un conseil précieux à l’assemblée : « Il faut construire sa place et ne pas avoir de frein en tant que femme. Rien n’est fermé. Il faut avoir confiance en soi. »
« La réussite c’est être bien dans ce qu’on fait, dans le domaine qui nous plait, où l’on veut » a-t-elle indiqué. « Quand on aime son activité professionnelle c’est plus facile de réussir » a-t-elle ajouté. Mais l’équilibre entre vie privée et professionnelle est difficile à atteindre selon elle, surtout pour les femmes, et surtout si elles ont de meilleures rémunérations/positions/responsabilités que leur mari.
Madame la Ministre ajoute que les compétences fondamentales s’acquièrent par le travail, et que les compétences techniques de maîtrise (maths, rédaction…) sont tout aussi importantes que les compétences relationnelles. Elle conseille aux élèves de travailler et « d’être dans un club sportif, une association, etc. car ce sont des compétences aussi précieuses que des compétences académiques ». De plus, elle a précisé que les métiers vont changer : « 50% des métiers que vous ferez n’existent pas encore. Il faut apprendre à apprendre. Il faut maîtriser les bases, avoir de la culture et se former aux nouvelles technologies tout au long de sa vie ». Il faut également « avoir confiance en soi, confiance en son projet professionnel et être mobile pour réussir ». Elle a précisé aux élèves que l’échec n’est pas grave en citant Nelson Mandela : « soit je gagne, soit j’apprends » et à l’exemple des banques américaines qui « préfèrent financer quelqu’un qui a déjà entrepris et eu un échec plutôt que quelqu’un qui n’a jamais essayé ».
Elle a terminé en insistant sur le fait qu’avoir le choix, « c’est avoir la liberté de maîtriser son destin », et qu’il ne fallait pas hésiter à demander des conseils aux adultes. Elle précise que le « réseau professionnel est l’une des principales inégalités des chances. Pour créer son propre réseau, il existe aujourd’hui des associations de mentors, comme Télémaque, qui permettent aux jeunes d’être accompagné dans leur projet par des adultes.
Enfin, Madame la Ministre a conclu sur une note d’optimisme : « The sky is the limit, il faut avoir confiance en soi et s’autoriser à rêver », avant de répondre aux questions des élèves.